Introduction
Avec une superficie de 453,86km², le Québec, en plus d’être la plus vaste province du Canada est aussi le plus grand territoire francophone au monde. Fondée en 1608 par Samuel de Champlain, le Père de la Nouvelle-France, la capitale de la province, Québec city, est aujourd’hui une ville à nulle autre pareille. Florissante sur le plan économique, charmante et coquette d’un point de vue esthétique, la cité présente de nombreux attraits qui lui permettent d’attirer plusieurs millions de touristes chaque année.
Histoire
Avant d’être conquise successivement par les Français et les Anglais, la ville de Québec fut un territoire où séjournaient de nombreuses tribus autochtones, des Algonquins, des Iroquois et des Innus entre autres, venus d’Asie il y a des millénaires et attirés très certainement par les grands troupeaux de caribous qui vivaient en abondance sur cette partie du continent.
A l’arrivée des premiers européens, les populations locales se sont montré plutôt avenantes, à tel point que des alliances se sont créées au fil du temps, certaines tribus ayant même combattu aux côtés des français – les Innus, les Algonquins et les Hurons-Wendake notamment, contre la promesse de se battre à leurs côtés face aux Iroquois – ou des anglais, les Iroquois principalement, connus pour être de redoutables guerriers.
Hormis les vikings, les bretons et les basques (plusieurs siècles avant la découverte du Canada par Jacques Cartier), peu de peuples avant Jacques Cartier se sont aventurés dans cette partie du monde. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on lui attribue la découverte du Canada.
Son premier voyage, mandaté et financé par François 1er en vue de dénicher un passage vers la Chine et d’en rapporter de fabuleux trésors (épices, or, soie, etc.), a lieu en 1534. Lors de cette expédition au cours de laquelle son équipage et lui-même naviguèrent pendant 3 semaines, Jacques Cartier explora le Saint-Laurent, la Gaspésie et la Baie des Chaleurs qu’il crut être un passage vers l’orient. Sur la côte gaspésienne, Cartier fit ériger une grande croix de bois, symbole de la revendication du territoire pour le roi de France. Les amérindiens iroquois de Stadaconé, nom originel de la ville de Québec, venus pêcher en ces lieux, virent la scène et s’en offensèrent. En bon diplomate, Cartier leur fit comprendre que ce n’était rien d’autre qu’une croix qu’ils utilisaient pour se repérer. Les français et les autochtones firent ensuite un festin et solidifièrent leurs relations. Cartier fit d’ailleurs deux autres voyages au Canada et contribua énormément à l’essor d’une Amérique française. Toutefois, ce n’est pas lui qui fonda la ville de Québec mais Samuel de Champlain, un cartographe intimement persuadé que la France devait s’établir de manière permanente outre-Atlantique afin d’entretenir les relations commerciales avec les indiens.
On sait peu de choses de cette période lointaine, seulement quelques récits des explorateurs et des missionnaires qui baptirent La Nouvelle France, un peu plus d’un siècle après la découverte de l’Amérique, en 1608.
L’arrivée des premiers colons : le règne français de 1608 à 1759
Installée sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, la ville de Québec, à l’origine « Kebec » qui signifie « là où le fleuve se rétrécit », était un endroit idéal pour les colons en vue d’y développer le commerce, ce que fit Samuel de Champlain en 1608 en installant un poste de traite des fourrures.
Afin de commercer avec les iroquois habitant près de Québec – les iroquois du temps de Cartier vivant désormais près de Montréal – Champlain rejoignit leur alliance militaire contre les iroquois. Cette décision eut de graves conséquences sur l’avenir de la Nouvelle-France. Le peuplement de la nouvelle colonie s’effectua très lentement. En effet, étant donné le coût élevé de cette entreprise, le Roi préféra confier à l’initiative privée la tâche de développer la colonie. En contre-partie, ces colonies reçurent le monopole du commerce des fourrures avec les amérindiens.
En 1627, alors que la guerre éclata entre la France et l’Angleterre, David Kirk, un marchand épris d’aventures, fut chargé, en compagnie de ses frères, de rentrer en possession des terres occupées par la France au Canada. En 1629, ils réussirent à récupérer Québec sans se douter qu’au même moment, entre les deux nations, un accord de paix fut établi. En 1632, Québec redevint donc française après que les protagonistes prirent conscience de leur erreur.
A partir de 1663, Louis XIV, qui ne put que constater l’échec de la colonisation par les compagnies, dissolut la Compagnie privée des Cents Associés et fit de la Nouvelle-France une colonie royale, administrée par le Ministère de la Marine et dont le poste fut occupé par Colbert. Un Conseil vit le jour avec, à sa tête, des représentants du Roi (un gouverneur et un intendant) et du Clergé de France (un évêque) dont le rôle était d’accélérer le développement des colonies. Jean Talon fut certainement l’intendant le plus influent de cette période. C’est lui qui remit la machine du peuplement en route. Il fut à l’initiative, entre autres, de l’envoi de filles sur le Nouveau Continent afin d’accélérer le processus démographique. Il participa également au rayonnement économique de la colonie. En effet, il permit à la région d’être autosuffisante grâce, notamment, à la création d’industries locales liées à l’agriculture (houblon, orge), à la pêche ou encore au bois.
Dans le même temps, Louis XIV dut aussi faire face à la menace iroquoise qui ne cessait de s’amplifier. A ce titre, il fit envoyer un contingent de plus d’un millier de soldats afin d’écraser définitivement l »ennemi. Il ne lui fallut que deux ans pour obtenir un accord de paix.
D’autres affrontements eurent lieu dans les années qui suivirent, entre la France et la Grande-Bretagne cette fois. En effet, les anglais n’eurent jamais abandonné véritablement l’idée d’étendre leur territoire et d’anéantir leur seul concurrent sur le continent nord-américain. Leur détermination fut à l’échelle des gains qu’ils espéraient obtenir en retour. Ainsi, les territoires occupés par la France étant bien trop précieux – en raison de l’abondance d’animaux dont la fourrure était une richesse exceptionnelle à l’époque – et les loups, les castors et les lynx se faisant rare sur le Vieux-Continent, à cause de la surexploitation, ils ne renoncèrent jamais, d’autant qu’ils avaient l’avantage du nombre et qu’ils bénéficiaient de la plus grande flotte maritime au monde. Nonobstant quelques coups d’éclats côté français, comme en témoigne la bataille de Québec le 16 octobre 1690, au cours de laquelle le comte de Frontenac repoussa l’offre de reddition de l’émissaire anglais, envoyé par le commandant Phips, et prononça ces mots :
« La seule réponse que je ferai à votre général viendra de la bouche de mes canons et du feu de mes mousquets. »
…les litiges tournèrent bien souvent à l’avantage des anglais qui finirent par récupérer Québec en 1759, en pleine guerre de 7 ans, la première dont le conflit se généralisa à l’échelle de la planète. Le moment le plus marquant de cette guerre est la bataille des Plaines d’Abraham qui met fin au siège de Québec le 13 septembre 1759. Cela faisait alors trois mois que les troupes du général James Wolfe étaient installées sur l’île d’Orléans et bombardaient Québec de façon continue, tentant, de manière épisodique, de prendre Québec par les accès les plus faciles. Cependant, ces derniers étaient bien protégés par les troupes françaises du général Montcalm. Devant absolument prendre Québec avant l’hiver, James Wolfe tenta un coup de génie : faire escalader la falaise de l’Anse aux Foulons par ses soldats pendant la nuit et surprendre les français en les attendant sur les plaines d’Abraham. La stratégie fut un succès pour les britanniques et une défaite cuisante pour les français.. La bataille dura à peine plus de 30 minutes, causant la mort de Wolfe et celle de Montcalm quelques jours plus tard, qui périt des suites de ses blessures.
Note de l’auteur : Depuis le Cap-Diamant, promontoire naturel d’où l’on bénéficie d’une vue panoramique sur l’ensemble de la région, on pouvait aisément surveiller l’arrivée de l’ennemi, anglais principalement, et observer le trafic fluvial. Dans les années qui suivirent, les français eurent l’idée de bâtir un système de défense qui encerclerait la ville afin de protéger les ressources naturelles et militaires de la région. On construisit alors des enceintes. Mais, le rêve d’une ville fortifiée se réalisera plus tard, durant l’occupation britannique, avec la création d’une citadelle en 1820.
L’occupation britannique de 1759 à 1871
Après que les villes de Québec et de Montréal eurent capitulés, un régime militaire fut instauré en Nouvelle France. La région entra dans une nouvelle ère dominée par la couronne britannique. Dès l’année 1760, les anglais forcèrent les populations locales à baisser leur fusil et à prêter serment d’allégeance au nouveau souverain, l’Angleterre. Immédiatement après l’abdication de la France, de nombreux aventuriers s’empressèrent de conquérir le territoire de la Nouvelle France en vue d’y faire fortune. Dans le même temps, des révoltes s’organisèrent pour tenter de faire partir l’envahisseur anglais. La France finit par admettre la défaite et à léguer ses colonies (le Canada et l’Acadie) à l’Angleterre, en février 1763, avec la signature du Traité de Paris.
Les Amérindiens furent ceux qui protestèrent le plus violemment contre cette passation de pouvoir. Ils eurent peur de perdre définitivement leurs terres et d’être chassés du territoire. Ils tentèrent bien de s’insurger, à l’image des Algonquins, commandés par leur chef Pontiac, mais leurs tentatives échouèrent face aux troupes britanniques, ces derniers ayant notamment réussi, par un sournois stratagème, à répandre la petite vérole dans leurs rangs, décimant bon nombre d’entre eux.
Le 7 octobre 1763, la Nouvelle France devint la province de Québec et le Canada signa sa première constitution connue sous le nom de Proclamation Royale. Celle-ci eut pour objectif principal de réglementer la gestion des colonies britanniques au Canada et de pacifier les relations avec les indiens. Elle établit un gouvernement et des lois anglaises et contraint les hauts fonctionnaires à prêter le serment du test, lequel les obligeait à renier l’autorité du pape. Cette mesure visait à anéantir les velléités des canadiens, en grande majorité catholiques, dans l’exercice des charges administratives. Ils devaient donc abandonner leur foi s’ils voulaient continuer à occuper ces postes, ce qu’ils ne firent pas pour la plupart. C’est ainsi que la couronne britannique réussit à proscrire les canadiens français des postes à haute responsabilité. Dans la pratique, les premiers gouverneurs britanniques des nouvelles colonies n’appliquèrent pas à la lettre les principes de la Proclamation Royale. Cet assouplissement des règles était stratégique. Côté britannique, on cherchait à s’attirer la sympathie du peuple canadien afin d’éviter qu’une Révolution se mette en marche et que les canadiens français soient tentés à leur tour, de réclamer l’indépendance des colonies, à l’instar de leurs voisins américains. Aussi, en 1774, une nouvelle loi, intitulée l’Acte de Québec, fut adoptée au Parlement Britannique. Cette nouvelle loi remplaça donc celle de 1763, accordant d’anciens droits aux canadiens français tels que :
- le libre exercice de leur religion,
- l’abolition du Serment du test,
- l’agrandissement du territoire de la Province de Québec,
Seule l’allégeance à la couronne britannique fut conservé du serment initial.
En 1775, les armées des treize colonies américaines, toujours sous le joug de l’empire britannique, envahirent la province de Québec et assiégèrent la capitale. Ils durent néanmoins se retirer suite à une épidémie de vérole et l’arrivée supplémentaire de renforts britanniques sur le Nouveau Continent.
Le 4 juillet 1776, les treize colonies des Etats-Unis d’Amérique déclarèrent leur indépendance et invitèrent leur voisin à se libérer de l’emprise britannique. Cet appel fut reçu plutôt froidement, les anglais ayant attendu 1783 pour reconnaître officiellement l’indépendance des Etats-Unis. C’est à cette date que les frontières nord-américaines furent délimitées pour ressembler à celles qu’on connaît aujourd’hui. Une trentaine de milliers de loyalistes américains, expropriés de leurs terres et de leurs biens et toujours de fidèles sujets de la couronne britannique, traversa la frontière pour rejoindre le Canada, en direction des provinces maritimes de l’est essentiellement. Cet épisode est à l’origine de la division de la Nouvelle-Ecosse qui se divisa en deux, formant ainsi le Nouveau-Brunswick. Ces loyalistes modifièrent radicalement la physionomie de la population canadienne : leur présence créa un dualisme culturel nouveau et le début de rapports difficiles entre français et anglais.
Pour plaire à ces nouveaux arrivants loyalistes, l’Angleterre modifia une fois de plus la Constitution du Canada. Cette fois-ci, le Canada fut séparé en deux : le Haut-Canada désigna la partie sud de l’Ontario, composée majoritairement d’anglophones loyalistes, tandis que le Bas-Canada forma le Québec où habitèrent les canadiens français. Chaque entité se vit attribuer son propre conseil exécutif, une chambre « élue » qui était essentiellement contrôlée par un lieutenant-gouverneur, et législatif, dont les membres étaient nommés par le roi. L’Amérique du Nord se résumait alors en plusieurs colonies : le Haut-Canada, le Bas-Canada, la Nouvelle-Ecosse, le Nouveau-Brunswick et l’île du Prince Edouard.
En 1812, les Etats-Unis déclarèrent la guerre à la Grande-Bretagne et attaquèrent l’Amérique du Nord britannique. Ce fut un nouvel échec. Ils reculèrent face à l’arrivée de renforts anglais venus d’Europe. Cette guerre eut un effet bénéfique, rapprochant les canadiens français et les canadiens britanniques. L’idée d’un Canada uni vit le jour en vue mieux protéger le pays des invasions ennemies.
A partir de 1810 jusqu’à 1828, un bras de fer s’engagea entre la colonie Britannique et l’Angleterre. La colonie réclama le droit à l’auto-gestion mais la Grande-Bretagne lui refusa le pouvoir exécutif. Un désir plus sérieux d’union du Canada fit ensuite surface, à tel point qu’un projet de loi fut présenté en 1822. Louis-Joseph Papineau, leader des canadiens français,
Québec aujourd’hui
Seule ville d’Amérique du Nord à bénéficier de fortifications, contrairement aux villes de New-York, Montréal et Boston qui les ont détruites au milieu du XIXè siècle pour des raisons de développement de l’urbanisation, Québec est entrée un peu plus dans l’histoire le 3 décembre 1985, obtenant de l’UNESCO l’inscription sur sa liste du vieux centre historique de la ville, reconnaissant ainsi sa valeur patrimoniale, sa culture, son histoire et ses paysages naturels. Québec bénéficie depuis ce jour d’un plus grand prestige à l’échelle internationale.
Caractéristiques de Québec
- L’unique ville fortifiée d’Amérique du Nord,
- L’arrondissement historique du Vieux-Québec est classé Site du Patrimoine Mondial de l’Humanité et de l’UNESCO depuis 1985,