Samuel de Champlain
Samuel de Champlain (1574-1635), contrairement à ce qu’on croît souvent, descend de parents bourgeois, sans aucun lien avec la noblesse. D’ailleurs, de son vivant, Champlain n’utilisait jamais la particule. Il se faisait appeler Samuel Champlain de Brouage, du nom de sa terre natale située à l’ouest de la France, à 40km de La Rochelle, ville alors dominée par les idées protestantes. Baptisé protestant, il se convertit rapidement au catholicisme après que Henri IV eut proclamé, en 1598, l’édit de Nantes, lequel accordait, entre autres, le droit de culte aux partisans de la Réforme.
Ses qualités d’homme abile lui permirent de se hisser auprès des plus hautes personnalités de l’Etat, y compris le Roi Henri IV qui lui fit vite confiance. En effet, dès que les guerres de religion cessèrent, Champlain saisit l’opportunité de partir en Espagne pour découvrir une partie de l’Europe qu’il ne connaissait pas. Celui qui exprimait déjà son désir de partir pour le Nouveau Monde obtint l’accord du roi qui y vit un bon moyen d’espionner ses voisins dont la politique d’expansion territoriale était déjà bien avancée. A partir de ce jour, Champlain voyagea au nom du Roi de France et lui fit parvenir de nombreux rapports qui témoignaient de la richesse de ses ennemis.
La cruauté et l’absence de considération dont faisaient preuve les espagnols à l’égard des indigènes, fit naître en lui l’idée qu’il fallait, au contraire, traiter ces populations locales comme des amis, afin de les convertir plus facilement aux préceptes du Christianisme. La tolérance était selon lui nécessaire dans les colonies françaises.
Pour pallier au fait qu’il n’est pas noble et dans l’optique de financer ses voyages à l’autre bout du monde, Champlain put compter sur des soutiens financiers de taille : Aymar de Chaste, gouverneur de Dieppe et Pierre Dugua, sieur de Mons, avec qui il entretint des relations d’amitié.
Le premier voyage que le futur gouverneur de la Nouvelle-France fit au Canada dura 10 semaines. L’équipage partir du port d’Honfleur le 15 mars 1603 pour accoster à Tadoussac le 26 mai 1603. Au cours de ce voyage, il découvrit notamment le rite de la tabagie officié par les autochtones en vue de célébrer la défaite de leur ennemi iroquois. Présenté au chef de la tribu, ce dernier autorisa Champlain et les siens à s’installer en Nouvelle-France à condition qu’ils se battent à leurs côtés contre les Iroquois. Ce fut la première alliance franco-américaine de l’histoire. Pendant son séjour chez ses nouveaux alliés amérindiens, Champlain assista à une cérémonie durant laquelle de jeunes hommes et femmes se dévêtirent quasi intégralement. Face à cette pratique quelque peu inhabituelle, Champlain pensa que les meilleurs professeurs prosélytes seraient les missionaires et les catholiques et qu’au contraire, faire venir des calvinistes protestants ne sèmeraient que la confusion auprès des aborigènes.
Louis de Bruade de Frontenac